Doute

Une pièce de John Patrick Shanley

Récompensé par le prix du public au festival de Maisons-Laffitte 2011.

Mme Muller Excusez moi, ma Soeur, mais vous ne connaissez pas assez la vie pour dire des choses comme ça.
Soeur Aloyius Je la connais assez.
Mme Muller Vous connaissez les règles, peut être. Mais ça ne couvre pas tout.
Soeur Aloyius Je sais ce que je n'accepterai pas.
Mme Muller On accepte ce qu'on doit accepter, et on fait avec. C'est ça la vérité que je connais.

 

 

Résumé

En 1964, dans une école catholique du Bronx, un prêtre, le père Flynn, chargé de l'enseignement religieux, assume aussi les fonctions de professeur de sport. La directrice, Soeur Aloysius, le soupçonne d'entretenir des rapports ambigus avec un pensionnaire de l'établissement. Cherchant à l'éloigner du jeune garçon, elle tente de convaincre sa mère, Madame Muller, et la jeune soeur James de la culpabilité du prêtre. Mais les accusations qui pèsent sur lui sont elle seulement fondées ?

Doute nous rappelle avec intelligence la méfiance que doivent toujours inspirer les vérités prématurées, les certitudes hâtives, et par là, les accusations infondées. [...] N'est ce pas salutaire, dans une société qui préfère souvent la réponse à la question, quel qu'en soit le prix à payer? (Olivier Celik)

 

Mise en scène

  • Jean-François Lecomte

Décors

  • Albert Lecomte

Costumes

  • Aurélie Thuillier

Distribution

 

Soeur Aloysius Véronique Schielé
Soeur James Cécile Lachan
Madame Müller Katia Etifier
Père Flynn Jean-François Lecomte



L'oreiller du Doute

 

En restant focalisée uniquement sur les relations entre le Père Flynn et ses élèves, la pièce pourrait facilement tomber dans la caricature. En prenant parti, elle risquerait d'enflammer une polémique bête et méchante. Mais en s'appuyant sur le "Doute", l'écriture de John Patrick Shanley reste sur le fil d'une histoire fine, subtile, et surtout ambiguë comme sait l'être l'âme humaine.

Armé d'une palette noir et blanc, omniprésente dans sa pièce, J. P. Shanley peint son "Doute", en s'assurant bien, en définitive, que "les choses ne soient ni tout noir, ni tout blanc".

Dans ce collège du Bronx tenu par des religieuses, il pose le cadre démonstratif de sa pièce. Dans ce milieu qu'il connaît bien - il est natif du Bronx, il y a grandi et passé son enfance dans les années 1960 - il "invente de petites histoires, pour illustrer, dans la tradition de la Parabole".

Et comme la "vraie vie n'offre pas de conclusions claires et qu'elle a tendance a déconcerter", il choisit avec soin les éléments narratifs pour que le sujet de sa pièce puisse apparaître de manière éclatante.

Car ne nous y trompons pas, le coeur de la pièce a trait au ragot. Le mot sera d'ailleurs lâché au vent dans un sermon éloquent en début d'acte II.

Le ragot, ce bruit informel, persistant et sans source déterminée plonge ses racines au plus profond de nos préjugés, au coeur de nos doutes.

Est ce que nos "Doutes" ne nous conduisent pas un peu vite à interpréter le comportement des autres suivant une grille de lecture univoque et nécessairement trop restrictive ?

Est ce que nos "certitudes" ne tracent pas dans le sol les sillons de vies parallèles, véritables ornières trop profondes pour se rejoindre ?

Chacun des protagonistes tâchera de tracer son chemin, en l'étayant de ses propres vérités. Chacun cherchera à avancer pour simplement exister. Mais maintenir la cohérence de leurs certitudes devient vite hors d'atteinte, le doute s'y insinue, les ragots s'y propagent ! Chacun s'ajuste comme il peut ! Bien sûr, "il y a un prix à payer". Bien sûr, chacun y laisse des plumes!

 

Jean-François